Depuis le début de ces vacances, je me sens plutôt bien. Je me sens calme. J'ai remarqué que lorsque j'arrête de penser et que lorsque j'arrête de me poser mille questions, je me sens tout de suite plus calme et mieux dans ma tête.

Le fait d'être à la maison me fait énormément de bien. Je n'ai plus à supporter le stress du lycée, les profs, le travail, les disputes avec les amis et ça me fait beaucoup de bien. Lorsque je suis chez moi, je suis libre de réviser ce que je veux, quand je veux et où je veux. Il n'y a plus les 9 heures de boulot forcés dans la journée. Je peux me permettre de travailler pendant 1 heure puis de jouer avec ma chienne pendant les 2 heures qui suivent ou bien de la dresser. C'est maintenant qu'il faut que je la dresse et je dois dire qu'elle est loin d'être stupide. Elle apprend très vite. Urana me fait sourire, elle me met de bonne humeur. Lorsque je me lève le matin, je ne fais plus ma sale tête de tous les jours. Je suis plus facile à vivre. Ca me fait du bien de l'avoir à mes côtés tout au long de la journée.

Ca fait 3 jours que je n'ai plus de nouvelles de mes amis et je dois bien avouer qu'ils me manquent quand même. C'est vrai que lorsque je ne vais pas bien, j'ai besoin d'être seule et que je n'arrête pas de les rejeter mais lorsque je souris, j'ai envie de partager ma bonne humeur et j'ai surtout envie d'être avec eux. C'est pour cela que je vais aller manger de la tarte flambée avec eux ce soir. Parce que j'ai envie de leur dire que voilà, je n'ai plus envie de faire la tête. Je n'ai plus envie de réfléchir, je n'ai plus envie de savoir à tout bout de champs ce que pensent les autres de moi. J'ai envie d'être heureuse et de m'amuser. Comme n'importe quel autre adolescent.

C'est étrange. Lorsque je relis ce que je viens d'écrire, je n'ai pas l'impression que tout cela vient de moi. Je suis tellement habituée à écrire ma peine et mon mal être que j'oublie la deuxième partie de moi, celle qui a envie de vivre, celle qui meurt d'envie d'écraser ce mal être qui me pèse tant. Aujourd'hui, cette petite partie a fait son apparition. Mais combien de temps arrivera-t-elle à survivre ? Car la peine, le mal être, la solitude... Tout cela n'a pas disparu. Bien au contraire, ils sont toujours présents, prêts à surgir au moindre moment. Mais pour l'instant je ne veux pas y penser.

Tout ce qui compte maintenant est le fait que je me sente bien. Je n'irais pas jusqu'à dire que je suis heureuse mais en tout cas, j'ai un aperçu de ce que pourrait être ma vie si je réussissait à détruire ce qui m'empêche d'être heureuse. C'est à dire, cette partie de moi qui englobe la solitude, la peine, l'envie de souffrir et de faire souffrir, l'envie d'être malheureuse. Si seulement j'avais la force de la détruire...

Mais j'arrête de penser à tout cela. Je pense désormais à la semaine qui m'attend. Ce soir je sors avec mes amis, mercredi je vais dans un parc d'attraction en Allemagne avec ma classe d'allemand, jeudi il se pourrait que j'aille passer l'après midi chez Adeline mais rien n'est sûr et vendredi... le plus dur... le bac écrit de français de 8 h à 12 h et mon premier rendez vous chez le psy l'après midi et enfin samedi... j'ai ma journée d'appel à la défense nationale. Puisque tous les ados doivent y passer, je ne vois pas pourquoi je n'y irais pas... Mais je n'ai pas envie d'y aller !!!!

Je n'aurais plus qu'une chose à ajouter : pourvu que mon état d'esprit dur le plus longtemps possible.