S'il y a bien une chose dont je suis devenue la championne en ce moment, c'est bien de faire mal aux autres.

Je n'ai jamais été un fille méchante. J'ai toujours été la fille timide, renfermée, celle à qui on parle, celle qui écoute, celle qui conseille, celle qui est sympa. Au collège, j'avais une réputation de bonne poire. Trop naïve. Les filles pouvaient faire ce qu'elles voulaient de moi. Je ne savais pas me défendre. Je ne savais pas dire non. Maintenant je sais me défendre et je ne suis plus aussi naïve qu'avant. Mais depuis quelques temps, j'ai remarqué chez moi un étrange comportement. J'ai de plus en plus tendance à envoyer les autres balader, à les critiquer, à me moquer d'eux, à sortir de petites phrases méchantes qui peuvent faire très mal. Mon seul but étant de blesser l'autre au plus profond de lui même voire même à le faire pleurer. Il y a des moments où je ne peux pas me contrôler.

Ce matin ce fut le cas. Je parlais avec Erwan quand Adeline est arrivée. Adeline est une fille que j'adore. C'est une véritable amie pour moi. Je ne sais pas ce qui m'a pris mais sur le coup j'ai eu envie de lui sortir un nombre incalculable d'horreurs. J'avais envie de lui cracher à la figure toute ma souffrance. Un peu plus et j'allais lui dire que c'était de sa faute si j'allais mal. Tout chez elle me tapait sur le système. J'avais envie qu'elle disparaisse. Pourtant, elle ne m'avait rien fait de mal. Au contraire, elle était adorable, comme toujours. Mais tout ça est resté ancré au fond de mon crâne. Je me suis retenue du mieux que je pouvais car je ne voulais pas lui faire de mal. Pas à elle. Je ne peux pas m'en prendre à elle. Je n'ai pas le droit. Erwan a remarqué mon comportement est m'a dis de me calmer. La semaine dernière, c'est à lui que je m'en suis prise. Je regrette tellement. Je me suis excusée. Il a compris. Il m'a pardonné.

Les heures de cours sont passées très vite ce matin. J'ai eu le temps de me calmer. J'ai repris mes esprits. Faire souffrir. J'avais envie de faire mal à Adeline pour la bonne raison qu'elle est heureuse et moi non. Je suis tout le temps comme ça en ce moment. J'essaie de me contrôler mais lorsque j'éclate, je n'aimerais pas être la personne qui est en face de moi. Je regrette d'avoir ce genre de pensées. Je ne suis pas méchante. Non, je ne suis pas méchante. Je suis juste malheureuse. Le pire c'est que lorsque je fais souffrir, j'éprouve après un besoin énorme de me faire mal physiquement. Je ne supporte pas de faire mal, donc je me punis.

J'ai essayé de retourner auprès de mes amis ce matin mais ça n'a pas marché. Ils parlaient. Et moi je ne comprenais plus rien. J'avais l'impression d'être exclue, de ne plus faire partie de leurs vies. Un fossé s'est creusé. Un trop grand fossé. Je ne peux plus le traverser. C'est trop tard. Là encore, j'ai eu envie de leurs dire tout ce que j'avais sur le coeur. Mais non. Je suis simplement partie et cette fois ci, je ne me suis pas retournée.